Récit de la naissance d'Anice

Publié le par Planete Mere

LA NAISSANCE D'ANICE


Sous le signe de l'eau




Conçue dans le Tarn un jour d'hiver pluvieux, née en Provence en été indien, dans l'eau du bain.


Depuis que je te sais en moi, d'abord j'ai eu peur et je ne pouvais rien avaler, surtout rien boire, l'odeur du chlore dans la douche m'était insupportable, le goût de l'eau du robinet innommable !

Et puis je t'ai acceptée, et à partir de ce jour là je n'ai plus voulu qu'être dans l'eau : les piscines, les lacs, les rivières, la mer, partout elle m'attirait.


A ton 7° mois dans mon ventre nous déménageons de nouveau, plus proches encore de lacs de montagne, pas bien loin de la mer, dans une maison où trône une baignoire de rêve, assez grande pour y laver 3 enfants, assez ronde pour m'imaginer t'y donner la vie.


Ton arrivée est prévue autour du 17 octobre. Je savoure ma grossesse que je sais être la dernière. Au dernier rendez vous début septembre avec Stéphanie, notre sage femme, tu étais encore « en siège », mais je sais que mes bébés se retournent tard et je ne m'affole pas.


D'ailleurs 15 jours plus tard je passe une nuit affreuse a chercher le sommeil en tournant en tous sens, je suis mal dans toutes les positions et au matin il m'est impossible de me lever, j'ai les reins en compote, le périnée lourd, j'en conclu que tu es tourné.


Alors que la veille encore je gambadais fièrement le ventre en avant, là plus du tout, je me sens lourde et encombrée, je marche très péniblement.

De jour en jour j'espère que tu arriveras plus tôt que prévu, j'essaie de rester patiente mais ces journées au lit me plombent le moral.


Nuit du samedi 26 septembre.


Comme la nuit précédente et celles d'avant, je dors mal, par tranches d'une demi heure, sur le côté gauche seulement, puis j'essaie de passer sur le dos, ou de m'assoir, ou de me trainer jusqu'aux toilettes. Là, en plus, je ressent comme des spasmes dans le ventre, je n'ose pas appeller ça des contractions, c'est bien plus léger, mais c'est une gène supplémentaire.


3 h du matin : je descends au salon, grignote quelques grains de raisin, les spasmes s'arrêtent, je remonte essayer de dormir un peu.


6 h du matin : décidément je n'y arrive pas, les spasmes sont devenus de petites contractions. Je me dit que c'est mon tour de vivre un pré travail à rallonge. Heureusement mon homme doit partir pour la journée avec la petite, seule avec la grande ça ira, je pourrais me reposer.

Je reste assise au bord de la baignoire entre chaque vague, quand j'en sent une arriver je me soulève (aïe c'est là que ça fait mal) et je m'appuie sur le lavabo, je roule mon bassin en tous sens, je plie les genoux et je commence a ouvrir la bouche et laisser sortir les sons qui montent.


7h30 : j'entends les filles qui se réveillent, Lyvia est surprise de me trouver là, je lui demande d'aller chercher son papa. Il arrive et me regarde du coin de l'œil a peine réveillé, en me disant « alors ça y est, c'est parti ». Je lui assure que non, ça travaille un peu c'est tout, d'ailleurs je viens de prendre 2 Spasfon et ça devrait bientôt s'arrêter, lui n'y croit pas une seconde.

Je me met à table avec l'intention de prendre un petit déjeuner en famille, mais je n'ai pas faim et je dois me lever souvent et faire au bord de la table ce que je faisait au bord du lavabo.


Les filles sont un peu étonnées de me voir comme ça, yeux fermés, a vocaliser en roulant des hanches, Tara, ma grande, éclate de rire, alors que je lui dit que j'ai mal quand même elle me rétorque « oui mais c'est trop rigolo comme tu chantes ! »


Leur papa me fait alors remarquer que je me lève toutes les 3 minutes, et que ça serait bien que j'appelle notre sage femme.


8h15 : J'appelle Stéphanie, justement elle prenait sa voiture pour se rendre à un congrès, je pose le téléphone le temps d'une contraction, quand je le reprends elle me confirme qu'elle change de direction et qu'elle arrive, au moins pour vérifier la position du bébé.


8h30 : les filles montent jouer dans leur chambre, mon homme me propose de ma faire couler un bain, il m'installe des coussins sous la tête et on y ajoute quelques gouttes d'huiles essentielles de lavande et de géranium. A peine entrée dans l'eau les contractions disparaissent pratiquement, me confortant de nouveau dans l'idée que je suis en pré travail. Elles finissent par revenir mais beaucoup plus douces qu'une heure auparavant.


9h15 : Stéphanie arrive, toute belle, solaire, souriante. Elle écoute le cœur du bébé avec son matériel étanche, m'examine et me confirme que la tête est bien en bas, elle la sent nettement. Je commence à peine à réaliser que je suis en train d'accoucher !


Les filles sont tranquilles devant un dessin animé, P. a annulé sa journée, je me sent doucement « partir ». Je flotte, mon corps et mon esprit deviennent liquides, ma bouche s'ouvre de plus en plus largement, a chaque vague je laisse s'échapper des sons graves, des ahhhh des ohhh, des ouuuuaahhh, tout lâche je m'abandonne aux sensations et oublie qui je suis. Je félicite mon bébé, bravo, merci, continue a avancer, on y va tous les 2.


Quand la douleur deviens vraiment forte j'appelle a haute voix par leur prénom toutes les femmes qui étaient à mon blessingway, je chante un mantra a Shakti (principe féminin dans l'hindouisme), à Ama, à la Mère, c'est comme si toute la puissance féminine du monde se tenait près de moi, je n'ai pas peur, je me sent intensément vivante.


Soudain une contraction plus forte me plaque sur la paroi de la baignoire, mais je ne veux pas rester comme ça, je me met accroupie, la tête dans les coussins, je sent la poche se rompre, puis je me redresse, en appui sur mes mains, je sent mon corps qui s'ouvre et cette puissante poussée sur mon périnée.


Ce n'est pas possible, je vais éclater, ça ne sortira jamais, les sons se muent en cris, je sent la main de P. se glisser dans la mienne, je la serre fort. Encore une poussée, je crie un NOOOOON, je ne peux pas, je demande à bébé d'attendre encore un peu, et puis c'est évident il faut juste dire OUI, alors je le crie ce OUIIIII, je pose ma main entre les jambes, sa tête est là qui bombe, je pousse, la voilà, encore un bon et franc OUIIII et le reste de son corps est sorti.


Il est un peu moins de 10 heures, Stéphanie l'attrape, la passe sous ma jambe, je m'assied, je déplie son corps, c'est une fille, oui, bien sur, je suis heureuse, c'est comme dans mon rêve, j'aurai 3 filles, au fond je le sait depuis bientôt 20 ans.


Anice est là, mais sa respiration est lente a démarrer, elle est bien rose mais n'ouvre pas les yeux ne prends pas franchement une grande inspiration. Stephanie la masse quelques secondes puis me la redonne en m'indiquant de continuer de la masser en l'appelant, elle file chercher son oxygène, lui ouvre le tube sous le nez,tout ça prends moins de 30 secondes, et ça y est, ses lèvres bougent, ses poumons se gonflent, elle veut bien rester avec nous, j'entends mon homme et Stephanie pousser un grand soupir de soulagement.


On reste là, dans l'eau tiède du bain que l'on réchauffe régulièrement, je la bisouille sans fin, malgré l'épaisse couche de vernix dont elle est couverte, et qui d'ailleurs fait faire la moue a ses sœurs devenues grandes.

Elles étaient là, les soeurs, à la porte de la salle de bain depuis 10 minutes, a attendre que leur papa rallume l'ordinateur, je ne les ai vues que quand S. est allée chercher l'oxygène. Elles découvrent leur petite sœur encore attachée a moi par son cordon, on attends qu'il ait cessé de battre, puis S le coupe, Lyvia nous fait tous rire en demandant pourquoi elle a « le lardon » attaché au nombril !


Je sors enfin de l'eau pour aller me mettre sous la couette en attendant la délivrance du placenta. Les filles vont jouer dehors, elles sont invitées a déjeuner chez la voisine, puis la grande va a son cours de violon, la petite rentre faire sa sieste. Anice tête un peu puis s'endort sur moi.


Tout est juste, à sa place, la vie est si simple et belle, elle viens de me faire encore un beau cadeau : une naissance en conscience, simplement.


 



 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
<br /> J'essuie la larme qui coule sur ma joue et te remercie pour ce partage qui fait renaître pas mal de souvenirs...un bisou pour chacune,<br /> Aurélie et Simon<br /> <br /> <br />
Répondre
P
<br /> mmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm<br /> <br /> pas de mots plus précis :)<br /> bisous<br /> <br /> <br />
Répondre
F
<br /> toujours un moment fort la naissance...<br /> merci pour ce partage<br /> <br /> <br />
Répondre
F
<br /> toujours un moment fort la naissance...<br /> merci pour ce partage<br /> <br /> <br />
Répondre
F
<br /> Merci à toutes pour vos félicitations.<br /> <br /> Super, Marianne pour la triplette de pepettes qui s'annonce chez toi aussi.<br /> <br /> Anice est une petite marmotte, qui n'oublie pas de téter a chaque réveil. Au jeu des ressembla,ces je crois qu'on a enfin réussi a faire moitié moitié papa et maman !<br /> <br /> Bises a toutes.<br /> <br /> Frédérique<br /> <br /> <br />
Répondre